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Un billet pour le Togo ...
25 janvier 2013

La vie au village - 2e partie

Aujourd'hui, on va vous parler un peu des différentes infrastructures et lieux de vie du village! On va commencer par les écoles et le dispensaire. (petit erratum : contrairement à ce qu'on a dit précédemment, il n'y aurait pas 500 mais 1400 habitants au village)

 

Les écoles

A Hanyigba-Todzi, il y a 2 écoles primaires (une publique et une privée) et un collège. Les élèves qui continuent leurs études sont obligés de partir à Kpalimé ou à Lomé (ce qui n'est pas toujours aisé car il faut soit de la famille sur place, soit de l'argent).

L'école primaire publique est composée d'un bâtiment en dur et de paillottes, donc lorsqu'il pleut les élèves sont dispensés d'école! Il y a 6 classes : les mêmes que chez nous à part le CP qui est divisé en CP1 et CP2. Cela représente environ 200 élèves. Le directeur est accompagné de professeurs envoyés par l'Etat. Si l'Etat n'en envoie pas assez, le directeur en choisit d'autres parmis la population du village mais ils sont sans qualification et seront moins bien payés. Les élèves ont classe de 7h30 à 11h30 et de 15h à 17h.

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L'école primaire catholique est un bâtiment en dur. Il y a également 6 classes pour 200 élèves. 3 enseignants sont envoyés par l'Etat et 3 autres sont payés par les villageois. Le matériel est insuffisant donc pour pouvoir financer du nouveau matériel, régulièrement les enseignants demandent aux élèves d'aller chercher du bois ou de l'eau qu'ils revendront.

Le collège est un bâtiment en dur. Il y a 4 classes comme en France, de 35-40 élèves chacune (d'après le directeur, ce n'est pas beaucoup car il peut y avoir jusqu'à 100 élèves par classe dans certaines villes). Normalement il devrait y avoir 6 professeurs (dont le directeur) mais ils ne sont actuellement que 4 : 2 sont envoyés par l'Etat, les 2 autres sont du village et rémunérés par les villageois. Les élèves ont cours le matin de 7h à 12h et ponctuellement de 15h à 17h. Les élèves doivent payer des frais d'inscription qu'on appelle "écolage" en Afrique. L'écolage au collège est de 10 600F CFA (environ 15€ par an) pour les garçons, 9 800F CFA pour les filles, ceci pour encourager les filles à aller à l'école (plutôt que d'aller au champs ou de s'occuper de la maison et des enfants).
Le directeur a donc demandé à Nicolas de les aider pour compenser le manque de professeurs. Nicolas donne des cours de sport et de Français aux 6e et 5e. Son impression après 10 jours de cours : le niveau est relativement faible en Français dû, notamment, au fait que ce ne soit pas leur langue natale mais aussi que les élèves sont très dissipés. Ils ne s'intéressent pas beaucoup à l'école. De même en sport, le manque d'infrastructures (une piste pour courir), de matériel (des chaussures), de connaissances, voire même de sérieux de l'éducation nationale (sur 80m, les filles en 6e doivent faire 12sec pour avoir 20, les filles en 4e doivent faire 14sec!!) empêchent la bonne pratique et l'apprentissage. De manière générale, il y a un gros manque de matériel car les élèves ont des cahiers pour écrire mais aucun livre qu'ils peuvent amener chez eux (et les livres français ne sont souvent pas adaptés à leur programme), ils n'ont pas beaucoup de stylos et accessoires. Concernant les bâtiments en dur, ils n'existaient pas il y a encore peu de temps (celui du collège date de novembre dernier). C'est le Père Mariame, un prêtre allemand qui aide le village depuis 38 ans, qui a permis leur construction en recherchant des donateurs européens. Pour l'anecdote, nous avons pu assister au passage du Père Mariame et de 2 donatrices espagnoles. Ce jour-là, personne ne travaille afin de les accueillir en dansant et en musique. Ils sont repartis 2h après, le 4x4 rempli de bananes, avocats et ananas offerts par les habitants.
Côté punitions, elles sont souvent ancestrales : on met les élèves à genoux lorsqu'ils ne sont pas calmes, parfois on leur fait couper les herbes hautes ou même, on les tape avec un bâton...

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Le dispensaire

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C'est le centre de soins du village. Petite structure en béton qui a, elle aussi, été financée par le Père Mariame. Il y a quelques lits pour les patients souffrants. L'eau et l'électricité y sont parfois disponibles grâce à un système de pompe et un groupe électrogène. Nous avons eu de la chance cette semaine car il a plu et cela nous a permis de tout remettre en marche. Auparavant, l'eau était cherchée à la rivière comme pour le reste du village. Le manque d'eau ne facilite par l'hygiène.

Trois habitants du village travaillent au dispensaire, aucun d'entre eux n'a de réel diplôme. Les salaires sont financés par le prix des consultations et la vente de médicaments. Il est difficile de faire venir un infirmier diplômé à Hanyigba-Todzi car le village est très isolé et il devrait lui-même s'isoler. Il demanderait forcément un salaire plus élevé. Moins il y a de consultations et de médicaments vendus, moins il y a de salaire (on vous laisse imaginer la perversité du système!)

L'infirmier voit en consultation les patients. Il décide après un très bref entretien des soins et des médicaments à donner ou injecter au patient. La prescription des médicaments dépend de ce qui est disponible à la pharmacie et souvent, l'infirmier prescrit beaucoup de choses... Plus on prescrit de médicaments, plus on a de chances de soigner le patient (et d'avoir plus d'argent)! Ici, on essaie surtout de soigner les symptômes puisqu'aucun examen n'est fait. Il est donc souvent impossible de traiter la cause. Les patients viennent au dispensaire pour des crises de palu, des problèmes digestifs, des plaies et même des circoncisions et des accouchements. Les petites chirurgies et les pansements sont souvent surprenants à voir, tant dans la méthode qu'au niveau de l'hygiène. Beaucoup de matériel à disposition, que les volontaires apportent, mais souvent l'infirmier ne sait pas l'utiliser.

L'accoucheuse s'occupe des consultations pré-natales des femmes enceintes et des accouchements. Les femmes du village ne viennent pas réguliérement au dispensaire et prennent la grossesse comme quelque chose de très naturelle et ne voient pas l'intérêt d'un suivi. L'accoucheuse en appuyant sur le ventre est capable (ou pas) de sentir si l'enfant est bien positionné pour l'accouchement. Elle insiste pour que les femmes aillent à Kpalimé pour faire une échographie afin de savoir si elles auront besoin d'une césarienne. L'echo étant payante, rares sont les femmes qui vont la faire. Morgane a déjà pu assister à deux accouchements (ou pas tout à fait) depuis notre arrivée. Dans la salle d'accouchement une planche en bois avec une bassine au bout pour récupérer les placentas!

Le premier accouchement s'est bien passé. L'accoucheuse n'était pas là ce jour. L'infirmier et la pharmacienne s'en sont occupé! L'infirmier a même dit à Morgane "mets des gants et va voir si le bébé arrivé!" Mo n'a préféré pas s'en méler. Une demie-heure après, le petit était déjà là! Pour toutes les femmes qui ont peur de l'accouchement, même sans péridurale ça passe! Sachez que les petits Africains, à notre grande surprise, naissent presque blancs. Ils deviennent noirs par la suite au soleil. A 9h, Morgane n'ayant toujours pas entendu le prénom de l'enfant, posa la question. L'infirmier pris le calendrier "on est le 16 janvier, son prénom est Marcel!" "et si c'était une fille?" "Marcelette!" Pas étonnant que Nico a déja entendu parlé d'Africains s'appelant "Fête Nat".

Le deuxième accouchement s'est moins bien déroulé. Très tôt le matin, on demanda à Morgane de venir au dispensaire. Une femme était entrain d'accoucher et l'accoucheuse venait de remarquer que le bébé n'avait pas la tête en bas! La femme était épuisée et se roulait par terre de douleur. Elle avait de fortes contractions et une tension trés élevée. La seule présence "d'une blanche" au dispensaire rassure tout le monde. Morgane et l'accoucheuse sont parties dans tout le village à la recherche d'un zem (taxi-moto) afin de transférer la femme à l'hôpital de Kpalimé pour qu'elle puisse avoir une césarienne d'urgence. Le seul moyen de transport étant ici les zems, lorsqu'il est nécessaire de transférer quelqu'un on l'intercale sur la moto entre le chauffeur et une autre personne et on entame la descente en direction de l'hôpital se situant à une demi heure. Nous avons eu 2 jours plus tard des nouvelles de cette femme et finalement elle a accouché de deux petites jumelles! Les jumeux sont ici vu comme un cadeau du ciel et les jumeaux détiennent (il parait) des dons particuliers!!!

La troisième personne travaillant au dispensaire est la pharmacienne (de titre). Son rôle est d'encaisser chaque acte, soin, pansement, médicaments donnés au patient. Les accouchements sont également payants. Un accouchement revient en moyenne à 5000F CFA, 8 euros. Tous les frais que nécessitent les soins retardent la venue des habitants au dispensaire. Les villageois malades préfèrent autant aller à la messe et prier...

Avec l'association nous étudions les possibilités de reprendre le contrôle et la gestion du dispensaire afin d'y faciliter l'accès pour les habitants et d'améliorer la qualité des soins.

 

Après avoir lu nos articles sur les écoles et le dispensaire, vous comprendrez qu'ici la santé et l'éducation n'est malheureusement pas une priorité de l'état!

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Commentaires
A
Coucou,<br /> <br /> Je passe régulièrement sur le blog voir si vous avez publié un nouvel article, ça me passionne ce que vous y racontez!<br /> <br /> Premier accouchement le jour de mon anniversaire ;) combien d'autres depuis?<br /> <br /> Profitez au maximum de toutes ces découvertes cet que du bonheur même si de temps en temps la famille et les amis manquent un peu!
J
Coucou les aventuriers ! Votre blog est vraiment super je suis passionnée par tout ce que je lis vous devez vivre des moments durs et très émouvant (tu devais être en total panique Morgane avec cette histoire d accouchement et pour des jumelles en plus tu parle d un clin d œil)! En tout cas c est vraiment super ce que vous faites on aurait envie de venir vous aider!<br /> <br /> Gros bisous a vous deux!
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