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Un billet pour le Togo ...
23 février 2013

Nos missions

Puisque nos missions touchent à leur fin, nous allons vous expliquer un peu ce que nous avons fait pendant 2 mois à Hanyigba-Todzi!

 

La mission de Nico

A la base, je suis venu pour aider au développement économique du village. Cependant, le lent (mais cool!) rythme des villageois fait que les projets ne pourraient pas m'occuper toutes mes journées et beaucoup de projets sont au point mort faute de financement ou d'intérêt des habitants, ou sont déjà bien avancés.

J'ai donc passé ma première semaine à la pépinière en compagnie de Roger et Joseph, tout deux payés par l'association. La pépinière est comme un grand potager où l'on fait des essais de plantations de fruits et légumes et où l'on fait pousser caféiers et cacaoiers que l'on redistribuera aux agriculteurs dés que les pluies s'installeront. Pour toutes les autres plantes, on récolte les graines et de la même manière, on les distribue aux villageois pour qu'ils fassent leur propre potager. Nous avons donc passé cette première semaine à desherber la pépinière. Quel boulot! Ici, tout pousse très vite, surtout les mauvaises herbes (un mois après, on peut recommencer!).
Nous avons également mis en place un compost. Le but de celui-ci est de recycler bon nombre de déchets (excréments animaux, déchets végétaux, cendres...) et de produire une terre plus fertile en mélangeant le compost fabriqué à la terre déjà présente. Si ces deux buts sont atteints, il faudra sensibiliser les habitants afin qu'ils fassent également du compost chez eux. Le temps de maturation du compost étant d'environ 6 semaines, j'aurai tout juste le temps de voir le compost prêt à être utilisé. Pour les résultats, il faudra encore attendre.

DSCN3018

 

Depuis la deuxième semaine, j'aide tous les matins au collège qui est en manque de professeurs. On m'a demandé d'aider en Français et en sport.
Le sport tout d'abord. J'accompagne Mathias (également prof d'Anglais et joueur de foot en 2e division au Ghana) avec les quatre classes du collège. Le même sport est enseigné pour chaque période étant donné l'état des infrastructures : les premières semaines, nous avons fait de la vitesse sur une piste en terre, poussiéreuse, montante (!) et pas droite. Puis, depuis trois semaines environ, nous faisons de la longueur avec un sautoir que les élèves ont eux même mis en place : un carré de terre retournée de 5m² mélangée au sable amené par chaque élève et une planche de bois hyper bancale en guise de plasticine. Ces deux disciplines étant mes spécialités en athlétisme (quelle coïncidence!), j'ai pu apporter quelques éléments, du moins essayer. En effet, lorsque j'ai dit à Mathias de faire changer le pied d'appel des élèves, il ne comprenait pas pourquoi puisqu'on lui avait appris le contraire.
Ensuite le Français. J'ai repris les classes de 6° et 5° dont le programme est quasi le même! Le niveau est vraiment très faible. Beaucoup d'élèves ne connaissent pas les voyelles de l'alphabet. J'ai eu l'occasion de corriger les dictées... seulement 3 sur 40 n'ont pas eu 0/10 et je n'ai même pas pu lire certaines copies. Les élèves, ayant pour langue natale l'éwé, ont donc beaucoup de difficultés et on se rend compte qu'ils ne comprennent pas grand chose. Autre constat : les élèves sont très indisciplinés. Plusieurs raisons peuvent être à l'origine de ces deux problèmes :
- tout d'abord, beaucoup de parents ne poussent pas leurs enfants à travailler. Pour eux, l'école est surtout un moyen de se débarasser des enfants pour qu'ils puissent aller au champs tranquillement.
- le manque de perspectives professionnelles. En effet, même s'ils arrivent à avoir le bac et même à faire des études supérieures, les débouchés sont plus qu'incertains. Le relationnel est primordial pour atteindre certains postes ce qui peut les décourager.
- dans le village, l'Etat envoie souvent des professeurs dont le niveau peut également être moyen. J'ai pu constater bon nombre d'erreurs de grammaire et d'orthographe dans les sujets du prof de Français. Même le directeur est obligé de poser sur papier une addition du type 76 + 28 !
Les parents ayant un peu plus d'argent ou pour qui les études ont une réelle importance font d'énormes sacrifices pour envoyer leurs enfants en ville dans des écoles privées où le niveau et les méthodes de travail utilisées sont meilleurs.
Puisqu'il n'y a aucun réel moyen de pression pour faire travailler les élèves (ni recopier un texte qu'ils ne feront pas, ni aller chez le directeur qui n'a que peu d'impact, encore moins chez les parents qui ne les suivent pas), ici les profs utilisent la méthode forte : le bâton. J'ai moi-même dû essayer un jour de grande faiblesse, mais n'ayant osé leur faire que de gentilles tapes, je les faisais plus rire qu'autre chose. Mathias m'a donc montré comment il fallait faire (et effectivement, les élèves étaient calmes toute l'heure suivante). Je continue donc à les frapper mais plus fort! Je plaisante, vous vous doutez que cette méthode ne me plaît pas...
J'ai l'impression que le seul moyen de mettre la pression serait l'argent. Mais je ne préfère pas y penser.

 

Enfin, je m'attelle depuis deux semaines à aider deux villageois motivés à installer un poulailler. Au village, personne ne vend d'oeufs. Tout le monde les achète à Kpalimé alors qu'il y a beaucoup de poules au village. Elles pondent des oeufs mais comme elles sont laissées en liberté totale durant la journée, on ne sait pas où elles pondent! Des femmes ont même demandé à Morgane au cours de ses ateliers de nutrition si les oeufs que font leurs poules sont les mêmes que ceux que l'on achète au marché. La première chose était donc de savoir les moyens qu'ils ont et ce qu'ils souhaitent. Pour le moment, ils n'ont d'argent que pour acheter trois poules pondeuses, ils ont une hutte pour les abriter et un terrain pour accueillir les poules lorsqu'elles seront plus nombreuses. A terme, ils aimeraient avoir au moins 10 poules et 1 ou 2 coqs pour les faire se reproduire. Il faut donc, dans un premier temps, acheter les poules pondeuses en âge de faire des oeufs, clôturer fenêtre et porte de la hutte pour ne pas qu'elles s'envolent (voire leur couper le bout des ailes) et éventuellement construire un poulailler en bois pour qu'elles aient un endroit où pondre.

 

 Les missions de Momo

 

J'ai commencé l'aventure au dispensaire par une petite semaine d'observation afin de comprendre le fonctionnement et cibler les différents besoins de la population. Après cette semaine, connaissant mieux les habitudes alimentaires et de vie des habitants du village j'ai pu préciser ma mission. Les habitants de Hanyigba-Todzi ont tous les mêmes habitudes alimentaires étant liées à l'environnement et les ressources les entourant. Leur alimentation est essentiellement composée de féculents et de piments. Elle contient très peu d'aliments protidiques, de fruits et légumes, et pas du tout de produits laitiers. Les risques de carences et de malnutrition sont donc très nombreux. Les habitants peuvent acheter de la viande, du poisson et des œufs au marché ou consommer leur propre production de poules, chèvres, chats, chiens, criquets etc.... Les légumes poussent très bien ici, et de nombreux arbres fruitiers entourent le village. La population n'a pas pour habitude de consommer des fruits et légumes, car pour eux, souvent agriculteurs ils pensent dans un premier temps à les vendre! Nous cassons donc le mythe de l'africain qui mange des bananes! Certains "vieux" du village me disent même que d'anciennes histoires racontaient que les fruits donnent le palu... Les récoltes de fruits et légumes sont tellement abondantes qu'il est difficile d'acheminer la totalité en ville et souvent les fruits pourrissent avant leur consommation. Les produits laitiers sont introuvables au village et très très chers (par exemple, les 6 kiris sont vendus à 1500fr soit 2.50 euros sachant que le salaire mensuel moyen et d'environ 30 euros). En principe, les femmes allaitent leurs enfants mais souvent l'allaitement est arrêté trop tôt et les femmes ne savent pas toujours comment et quand sevrer l'enfant. La reprise du travail tôt après l'accouchement accentue les risques nutritionnels pour l'enfant. Au niveau des boissons, c'est l'eau de la rivière pour s'hydrater et du sodabi pour les occasions! (nombreuses et quotidiennes finalement pour les hommes!).


Les patients, nourrissons, enfants ou adultes venant au dispensaire souffrent souvent de diarrhées et/ou de vomissements et de fortes fièvres. Ceci provoqué soit par le palu soit par les vers digestifs attrapés par l'eau. Ajoutés aux fortes chaleurs, les patients souffrants de ces troubles ont un risque important de déshydratation. La fréquence régulière des troubles digestifs entraine la diminution d'absorption de nombreuses vitamines et minéraux et accentue le risque de carence. Au dispensaire, peu d'infos sont données au patient sur l'alimentation et l'hydratation ainsi que sur l'hygiène "autour du repas". Certaines pathologies (ici souvent le SIDA) entrainent une cassure de la courbe de croissance chez les enfants et une forte diminution du poids chez les adultes. En revanche, le poids n'est jamais pris au dispensaire et au village rares sont les habitants qui connaissent leur poids. Ceci étant pourtant recommandé par le ministère de la santé togolais. Depuis mon arrivée nous pesons les patients, les enfants n'étant pour la plupart jamais montés sur une balance ont peur et hurlent lorsqu'on les pèse!

 FSCN3005


Ma mission nutrition face à ces différents constats s'est donc basée sur l'éducation et la sensibilisation des femmes à :
- l'équilibre alimentaire et l'allaitement
- les mesures d'hygiène à adopter autour du repas
- la pesée et son intérêt
- l'hydratation et l'alimentation à adopter face à diverses pathologies 
 
FSCN2969
Afin d'éduquer les femmes du village sur ces différents points, je me suis réunis chaque matin du mois de janvier avec elles. Les femmes parlant peu le français, j'ai réalisé plusieurs supports visuels facilitant les échanges et permettant de rendre les rencontres plus ludiques.

En parallèle à ma mission nutrition (et finalement ce qui m'a le plus occupé), une lourde tâche m'a été confiée par le responsable de l'asso : remettre de "l'ordre" au dispensaire! L'ordre à tous les niveaux : gestion administrative, hygiène, prise en charge du patient... Le personnel n'est à la base pas qualifié et a eu surtout tendance ces dernières années à laisser la situation du dispensaire se dégrader...
Après une grande discussion avec le personnel et l'élaboration d'un état des lieux, nous avons donc pu trouver ensemble et mettre en place diverses solutions d'amélioration. Par exemple, le paludisme étant très présent en Afrique, sa méthode de prise en charge et le dépistage répond à des critères très spécifiques qui n'étaient pas respectés et qu'on a réussi à mettre en place ou plus simplement le respect de l'hygiène tant au niveau de la structure que lors des soins. En revanche, pour toutes  les chirurgies un peu anarchiques cela reste encore à améliorer... (L'infirmier a encore il y a quelque jours ouvert tout le coude d'un patient pour lui sortir une écharde de même pas 1cm... au final il est sorti du dispensaire avec une bonne dose d'anti-douleur et surtout 6 points de suture!)
Je ne me fais pas trop d'illusion et pense bien que les choses ne resteront pas aussi bien que je le souhaiterais mais le personnel semble comprendre l'importance du changement. Le travail des prochains volontaires permettra de maintenir les changements et certainement aussi de continuer à améliorer la qualité de la prise en charge des habitants.

Le dispensaire n'étant pas ouvert l'après-midi, j'ai également pu réaliser avec une autre volontaire des discussions sur la sexualité dans chaque classe de collège. Chaque éléve était libre de poser les questions qu'il avait à ce sujet de manière anonyme. La sexualité reste un grand tabou entre enfants et adultes dans le village et les enfants sont très peu informés à ce sujet. A chaque niveau du collège il y a pourtant déjà des mamans... Les questions pouvaient être plutôt attendus comme "Comment on fait les enfants?" ou "comment on se protège du SIDA?" ou au contraire, très surprenantes "c'est quoi les appareils végétatifs?" ou "est-ce que si une femme elle veut pas faire l'amour on peut la frapper?"

Mes missions étaient donc très diverses pendant ces deux mois. Surprenantes parfois et toujours très enrichissantes, toutes ses interventions auprès des habitants du village m'ont beaucoup apporté!

 
 

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Commentaires
M
ohoh!! Bien sur qu'on gère... mais oui, l'asso est plutôt bien organisée et gère l'ensemble des gros problèmes!<br /> <br /> Concernant la route, l'union européenne a financé entièrement le bitumage de la route, mais seul 30% a été fait et le reste a été bloqué. On ne sait pas où est l'argent. Problème récurrent ici.<br /> <br /> A Lomé il y a plus d'1 million d'habitants (8 millions au Togo) donc forcément le village n'est pas représentatif de la population mais je pense quand même qu'il y a une grosse minorité des Togolais qui vivent dans ces conditions. Au village, on gagne environ 1€ par jour, à Kpalimé (3e ville du pays qui est à côté) je ne sais pas, mais déjà beaucoup plus. Et à Lomé encore plus...<br /> <br /> Merci pour tes encouragements Martin et à très bientôt!<br /> <br /> <br /> <br /> Morgane et Nico<br /> <br /> <br /> <br /> PS : à propos de l'inscription, je pense que c'est possible mais je te laisse chercher ;)
M
ça c'est du voyage !!! Votre blog est super intéressant et on comprend très bien les difficultés auxquelles vous faites face quotidiennement ! Cela ne doit pas être facile, d'un point de vue mental surtout mais vous semblez assurer un max !! Bravo ! L'association vous aide beaucoup ou vous laisse seuls à gérer les problèmes ? Est il pensé d'améliorer la route d'accès au village prochainement ? Pensez vous que ce village soit très représentatif de la situation générale du Togo ou que moins de 10% de la population vivent dans ces conditions ? J'ai encore des milliers de questions mais je les garde pour plus tard !!<br /> <br /> En tout cas, profitez bien de cette expérience hors du commun et nico, plutot que de taper les enfants ou faire payer leurs parents lorsqu'ils ont volé une orange (ou une chèvre), révise plutôt la position de la bassine sur ta tête, ça a pas l'air très stable tout cela!!!<br /> <br /> Au plaisir de vous lire de nouveau (d'ailleurs n'est il pas possible de s'inscrire à votre blog??)<br /> <br /> Martin
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